Sommaire
Qu’est ce que l’hépatoscopie ou empyromancie ?
Des tablettes, retrouvées lors de fouilles archéologiques, ont permis aux chercheurs d’établir le recours à l’hépatoscopie (ou empyromancie) par certaines civilisations du Proche-Orient, principalement celles rencontrées dans la Mésopotamie, mais également provenant de la Grèce antique. Ces vestiges peuvent être perçus comme les gardiens du secret relatif aux différentes traditions divinatoires de ces anciennes civilisations.
En effet, la découverte de maquettes en argile datant de l’Antiquité et représentant des organes d’animaux, nous permet de mettre en lumière une autre forme d’art divinatoire, prisée de ces peuples. Ce genre de science hellénistique est connu sous le nom d’hépatoscopie et peut se définir comme l’analyse de foie d’animaux sacrifiés pour y déceler des informations divines.
L’empyromancie est une extension de l’hépatoscopie, dans le cas où elle tire les prédictions de la combustion de ces organes d’animaux, après leur sacrifice.
Aux origines de l’hépatoscopie
Il n’est plus à démontrer l’importance qu’ont eut ces différentes sciences occultes, dans le fonctionnement des civilisations de l’Antiquité.
En effet, le recours à la puissance divine pour démystifier ce que cache le destin, fut constaté dans tous les domaines de la vie de la société. L’hypothèse la plus fréquente, attribuée à l’origine de l’hépatoscopie, est celle de sa naissance dans les civilisations gréco-romaine de l’Antiquité.
Certes, les recherches démontrent que c’est dans cette partie du globe que les actions des haruspices ou aruspices (devins étrusques qui analysaient les organes d’animaux pour connaître les augures) furent les plus intenses.
Mais la découverte du corpus épistolaire à Mari, un site du Proche-Orient de la période paléo-babylonienne, vient décliner cette première hypothèse. Ainsi, il se trouve que ce document qui parle de l’usage de l’hépatoscopie, est le plus vieux.
En d’autres termes, cet art de prédiction de l’avenir est un héritage laissé par les Sumériens de la période babylonienne, à peu près à la fin du troisième millénaire avant l’ère chrétienne, qui fut ainsi repris par la civilisation grecque antique.
Les pratiques liées à l’hépatoscopie
Quoique le type d’hépatoscopie, rencontré dans le site de Mari, se diffère de celui retrouvé dans la civilisation gréco-romaine, dont les traditions semblent plus établies, il n’en est pas moins qu’on retrouve des analogies dans ces deux types d’hépatoscopie.
La place du sacrifice chez ces peuples est aussi considérable que son utilisation dans les rites divinatoires. Il est constaté que, l’assimilation de l’organe du foie à la puissance d’un être vivant, humain ou animal, était une des causes de la naissance de l’hépatoscopie.
Pour cela, le devin observait l’état du foie de l’animal en sacrifice, souvent un mouton, pour y déceler si les évènements futurs dans la vie de la personne ou la communauté, pour qui la consultation fut effectuée, seraient favorables ou non.
Ainsi, si l’organe présentait un bon état, sans qu’aucune pathologie n’ait décimé cette partie, la prédiction divine annonçait un bon augure.
Si dans le cas contraire, le foie du mouton était atteint d’une anomalie quelconque, soit d’après le fruit d’une maladie ou soit d’origine congénitale, les informations annoncées par les dieux n’étaient pas bénéfiques.
Pour être plus explicite dans la démarche à suivre, les devins comparaient les organes vivants avec des modèles en argile ou en bronze, sur lesquelles il y avait des inscriptions servant à identifier l’intervention de la divinité, rattachée à la partie où la malformation était aperçue.
L’hépatoscopie est donc une pratique à travers laquelle les dieux annonçaient leur desiderata, par le biais du devin, qui est un intermédiaire, et utilisant le foie de l’animal sacrifié comme un support d’information.
L’empyromancie : une variante de l’hépatoscopie
Comme il est mentionné plus haut, l’empyromancie se distingue de sa grande sœur par l’interprétation de l’ignition des différents organes. La plus connue est la combustion du viscère des animaux apportés en sacrifice.
Pour cela, les présages pouvaient être tirés de la façon dont les organes brûlaient, mais également par la couleur de la flamme, le crépitement du feu ou l’apparition des fumées.
Les bons présages étaient annoncés par des flammes claires et transparentes, sans la présence d’une fumée ni d’un crépitement. Dans le cas opposé, les flammes de couleur rouge, également noire, étaient souvent associées à des situations non favorables ou des prémonitions funestes.
Pour conclure, à l’origine, le recours à l’hépatoscopie avait pour raison d’être de prédire les évènements futurs, mais elle avait également pour but de faire des pronostics sur la maladie d’un consultant.
Comme les faits futurs sont déjà gravés dans les entrailles du destin, il est donc possible, pour ces haruspices, de les mettre au grand jour, par le truchement de cette forme de science occulte.
L’hépatoscopie et l’empyromancie avaient connu l’apogée durant les périodes antiques, mais c’est à partir de l’époque post-hellénistique qu’elles commencèrent à perdre du terrain.