voyance dans l’antiquité grecque
Le temple d'Apollon à Delphes, où la pythie délivrait ses célèbres oracles

Présentation de la voyance en Grèce pendant l’antiquité

En matière divinatoire, les grecs anciens avaient hérité leur savoir des Chaldéens. Ils l’avaient mis à jour par rapport à leurs croyances, et firent ainsi de la mythologie un des piliers de la société grecque antique. Ainsi, que ce soit en matière politique ou dans le privé, il était fréquent de décrypter la volonté des dieux avant de prendre des décisions importantes. En effet, de peur de provoquer la colère des dieux, les consultations divinatoires étaient fréquentes, et la voyance connu un essor sur plusieurs siècles dans cette partie du monde, où elle était reconnue officiellement.

Deux catégories d’arts divinatoires principaux se distinguent : la voyance par les oracles, de nature religieuse, et qui était le fait de prêtres jouant le rôle d’intermédiaires entre les dieux et les hommes d’une part ; et d’autre part les devins, spécialisés dans l’interprétation de signes de tout ordre, et qui œuvraient plus spécifiquement dans la sphère privée.

La voyance par les oracles

Ce type de voyance jouait un rôle important notamment avant la prise de décisions politiques. Par exemple, il était nécessaire de consulter les oracles avant d’engager une bataille, ou au contraire avant de signer un traité avec une autre cité.

La voyance par les oracles prenait place dans un lieu sacré, où un dieu communiquait habituellement et de manière directe avec les prêtres dévoués au service et au culte du dieu en question. Ainsi, des sanctuaires étaient consacrés aux différents dieux, au sein desquels officiaient des religieux capables d’interpréter les messages divins.

Aujourd’hui encore, de nombreux vestiges de ces temples sont visibles en Grèce ou dans une partie de la Turquie, à l’époque comprise dans la civilisation grecque. On peut ainsi citer le temple d’Apollon, l’un des plus célèbres, qui fut construit au quatrième siècle avant JC.

Le sens du terme « oracle » se rapportait ainsi non seulement au message divin lui-même, mais désignait par extension le prêtre responsable de son interprétation et de sa transmission aux autorités concernées. Ces prêtres étaient aussi appelés prophète, au sens grec du terme, c’est à dire “celui qui parle à la place de dieu“.

Parmi les oracles grecs les plus connus, figure le fameux oracle de Dodone, que les prêtres interprétaient dans le mouvement des feuilles des chênes agitées par le vent. Ce n’est pas tant par le type de voyance concerné que cet oracle comptait parmi les plus importants, mais il s’agissait ici de rapporter les volontés de Zeus, le dieu des dieux.

Zoom sur l’oracle de Delphes

L’oracle de Delphes est lui aussi souvent cité dans les textes poétiques et philosophiques grecs. Chargée de transmettre les messages du dieu Apollon grâce à ses dons d’interprétations, la Pythie, aussi appelée Pythonisse, était une prêtresse grecque assez âgée. Elle s’exprimait en vers, dans un langage imagé, que deux prêtres du temple d’Apollon étaient chargés de retranscrire au consultant. Elle est restée très célèbre jusqu’au 2ème siècle avant J.C.

Pour exercer son don de voyance, la Pythie s’enfermait dans une grotte proche du sanctuaire. Avant de consulter la personne, qui au préalable avait dû s’acquitter d’une taxe, et faire un sacrifice à Apollon, la Pythie allait se purifier dans la fontaine Castalia, pour ensuite prononcer sa prophétie.

L’oracle de Delphes pouvait recevoir toute l’année, excepté pendant les trois mois d’hiver, période pendant laquelle Apollon se rendait en Hyperborée et cédait la place dans le temple au dieu Dionysos.

Son importance fut telle que l’économie florissante de la ville de Delphes reposait essentiellement sur la voyance, et l’afflux de capitaux dus aux pèlerins venus consulter l’oracle de toute la Grèce. C’est d’ailleurs à Delphes que furent créées les premières banques, afin de pouvoir gérer l’argent généré par le temple d’Apollon.

L’un des plus célèbre oracle rendu fut à l’origine de la création de la cité de Cyrène, colonie grecque en Libye : un dénommé Bathos souffrait de bégaiement et vint voir la Pythie qui lui dit que pour soigner le mal, il devait se rendre à Cyrène et y fonder une colonie. En se rendant sur place, Bathos croisa la route d’un lion ; et la terreur provoquée par cette rencontre le guérit définitivement de son bégaiement.

La voyance pratiquée par les devins

Dans la Grèce antique, les devins avaient pour mission d’interpréter les messages des dieux, mais contrairement aux oracles, ils n’étaient liés à aucune divinité en particulier. Bien qu’ayant une place d’importance dans la société antique, il ne jouait pas le même rôle politique et officiel que les oracles.

On consultait souvent les devins à titre personnel, pour savoir ce que cachait l’avenir, et ainsi être sûr de prendre la bonne décision.

Les devins faisaient appel à différentes formes de voyance :

  • L’ornithomancie ou l’observation du comportement des oiseaux dont les spécialistes furent Tirésias, Amphiaraos et Mopsos,
  • L’extipicine ou la lecture des entrailles d’animaux,
  • L’oniromancie ou l’interprétation des rêves,
  • La clédonomancie ou l’interprétation de la gestuelle, des paroles, et du comportement (par exemple : le message divin peut passer par le moyen d’un simple éternuement),
  • L’astrologie par l’horoscope découverte depuis 400 ans avant J-C., et qui influença notamment la voyance arabe.

Les devins occupaient une place importante dans la vie publique de la Grèce antique, et s’il ne possédait pas le caractère officiel des oracles, le fait que des personnes importantes et influentes les consultaient leur conférait indirectement un rôle politique et religieux.

Parmi eux, on dénombre des savants tels qu’Aristote, Platon, Ptolémée, ou Hippocrate. Ces sage pratiquaient l’astrologie, ainsi que plusieurs autres disciplines : ils étaient à la fois devins, astronomes, astrologues, médecins, etc.

Quelques célèbres voyants et devins de l’époque antique en Grèce :

Tisérias
Une oeuvre de Johann Heinrich Füssli représentant Tisérias, célèbre devin grec de l'Antiquité

Mélampus : c’était le plus ancien des devins. Il était originaire de Pylos et interprétait le langage des oiseaux. Ce voyant était rattaché au dieu Apollon. Son principal exploit fut la guérison des filles de Proetus d’une grave maladie.

Tirésias : devin grec très célèbre à travers la mythologie. Né à Thèbes et aveugle depuis l’enfance, Tirésias se rattachait surtout au cycle des légendes thébaines. Il était l’auteur de plusieurs prophéties célèbres, à tel point que l’on avait fait de l’endroit où se situe son tombeau le siège d’un oracle.

Bérose : né vers 330 avant J.-C., à Babylone, et il est mort à Cos vers 260 av. J.-C. Il était à la fois le prêtre du dieu Mardouk, un inventeur, un historien de l’époque chaldéenne, et un astrologue. Il avait vécu sous le règne de Cassandre (354-297), le roi de la Macédoine suite au partage de l’Empire d’Alexandre. Il avait annoncé à ce monarque la conquête d’Athènes, qui fut effectivement réalisée.

Aratus ou Aratos : ce poète grec (315-240 av. J.-C.), ami de Théocrite, avait vécu en macédoine, et avait été le protégé du roi Antiochus Soter. Il était l’auteur d’un long poème didactique, intitulé « Les Phénomènes ». Dans son œuvre, ils présentaient ses prédictions astrologiques et météorologiques. Il pouvait prédire la météo, notamment en interprétant le vol des oiseaux.

Hipparque de Nicée : il avait vécu au deuxième siècle av. J.-C – entre -190 et -126, à Rhodes. Il était l’un des plus célèbres astronomes et mathématiciens de l’époque antique de la Grèce. Il fut l’auteur de la théorie de « la précession des équinoxes ». Il s’agit d’une table géométrique des « cordes ». Il avait découvert et décrit la division du cercle en 360 degrés, mais aussi établit une carte composée de plus de 850 étoiles, et leurs positions exactes dans le ciel. Hipparque de Nicée fut le premier à répertorier avec exactitude les mois, les jours, les heures et la position des éclipses dans le ciel. Fondateur de la trigonométrie, il fut également le premier scientifique à séparer l’astrologie de l’astronomie.

Les sibylles : on attribuait ce nom aux femmes qui avaient le don de prophétie dans la Grèce antique. Contrairement aux pythies qui étaient affectées au sanctuaire d’une divinité, les sibylles étaient souvent sur les routes. Elles étaient nombreuses à pratiquer la voyance en donnant une divination occasionnelle, indépendante, nomade. Elles étaient, en général, des femmes mûres ou âgées. Leur façon de parler est réputée d’obscure et de mystérieuse. D’où le sens de l’adjectif « sibyllin » qui veut dire énigmatique.

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